En mai 2021, le Parc naturel régional a lancé une étude pour mieux connaître la petite faune du marais Audomarois : araignées, insectes, coléoptères. Cette étude a été réalisée par l'Association des entomologistes de Picardie. Et elle donne aujourd'hui ses premiers résultats ! En effet, une petite araignée plutôt rare a été découverte sur le site de la ferme du Zuidbrouck, à Clairmarais, un site dont le Parc naturel régional est gestionnaire : l'Argyronète aquatique. C'est une belle découverte, car cette araignée a un mode de vie particulier : elle est la seule connue pour vivre presque tout le temps sous l'eau. Pour en savoir plus, cliquer sur le "+" en bas à droite !
Pour survivre et même vivre sous l'eau, cette petite maligne n’utilise rien de moins qu’un scaphandre ! Elle respire grâce à une bulle d’air englobant son abdomen et ses pattes arrière, lui donnant l’aspect d’une bille argenté à 8 pattes lorsqu’elle est en plongée. Cette bulle personnelle, retenue par les « poils » de l’araignée, est maintenue tant que celle-ci reste sous l’eau. De temps en temps, l’argyronète doit remonter à la surface et regonfler sa bulle. Comme les araignées terrestres, l’argyronète tisse également une toile. Celle-ci est construite entre les plantes aquatiques et sa forme en cloche va permettre à l’araignée d’y stocker l’air qu’elle ramène progressivement sous l’eau via son scaphandre personnel. L’argyronète est donc capable de se bâtir une authentique base aquatique qui lui sert de salle à manger, de dressing et chambre à coucher, de salle de ponte.
Une argyronète peut vivre deux ans et passe également l’hiver dans sa base. Si l’on considère de plus près la fragilité physique d’une cloche aquatique, on comprend pourquoi l’espèce ne peut s’établir que dans des eaux calmes et bien végétalisées. Malheureusement, la régression des zones humides et leur perturbation via les activités humaines et la pollution, conduisent cette espèce fragile à se raréfier sur le territoire français. De plus, la répartition des populations en France ne sont pas assez bien connues. Afin de préserver l’espèce, il faut donc entreprendre une gestion plus favorable des zones humides, et rester à l’affut de la découverte de toute nouvelle population. Finalement, il suffit d’une petite pièce d’eau calme peu polluée, de plantes aquatiques et de proies pour que l’argyronète puisse s’installer, dans votre jardin peut-être, et vous faire découvrir les merveilles de son mode de vie aquatique.
Ludivine Conrad, chargée d’études – Entomologiste Arachnologue - ADEP
Association des Entomologistes de Picardie, 2021